Mettre les concepts d’autonomie financière et de travail dans la même phrase pourrait relever de la gageure et c’est certainement le cas tellement les croyances populaires (au sens philosophique) sont contradictoires. Mais je pense que la liberté de choisir ses actions permet justement de choisir celles que l’on sera capable de mener avec le plus de talent, souvent pas opposition à la contrainte de choisir ses actions selon leur seules clauses financières (la vente de services ou le salariat sont directement visés).
Je souhaiterai justement tenter de vous démontrer comment le fait de se libérer des contraintes économiques pourrait nous permettre de devenir de meilleurs travailleurs et certainement des personnes plus heureuses par la même occasion.
Quand je parle d’autonomie financière, je pense à l’ensemble des méthodes qui permettent à un individu de s’affranchir des contraintes économiques qui l’obligent à accepter un lien de subordination imposé.
Le salariat et les autres activités comme celle des freelances travaillant pour un client régulier impliquent d’établir un lien de subordination qui réduit considérablement notre liberté en matière d’organisation du travail, de choix stratégiques et techniques ou même de niveau de rémunération. Tous ces domaines sont alors déterminés par un donneur d’ordre avec plus ou moins de possibilité de débat selon les cas. J’ai la sensation que l’on accepte ce type de relation avec plus ou moins de bonheur, souvent parce que l’on est incapable de conceptualiser d’autres conditions d’exercice professionnel. Il est évidement plus simple d’accepter mollement ce qui nous est imposé en matière de contraintes professionnelles plutôt que de tout discuter systématiquement. Mais c’est ce type de démarche qui mène à la déprime et au burn-out ou au bore-out (c’est un faux-ami de penser que c’est le surmenage qui produit cela alors que c’est précisément l’absence de sens dans l’action menée).
Donner du sens à nos actions rend heureux et nous préserve d’un certain nombre de pathologies professionnelles dont on entend de plus en plus parler ces dernières années.
Pourquoi ne pourrions-nous pas nous poser la question de ce que nous voulons vraiment, de nos objectifs à long terme, de ce qui donne du sens à notre vie ? Le simple mot travail a été broyé au point qu’il est aujourd’hui synonyme de contrainte et plus que de cela. Alors que l’effort devrait construire et épanouir. Et la méthode la plus simple pour réenchanter notre vie professionnelle ne consiste pas à arrêter de travailler mais plutôt de choisir sur quoi et comment travailler : reprendre la main sur sa propre vie professionnelle et arrêter de se soumettre aveuglément à des donneurs d’ordre qui travaillent pour leurs propres intérêts et non pour pour les nôtres. Je pense que le compromis sous la forme « donnant-donnant » est possible avec des employeurs qui sont conscients de la nécessité pour l’employé de s’épanouir mais ils sont rares, je n’en ai quasiment pas rencontré dans ma carrière salariée pour tout vous dire. Mais comme ma marge de choix est plus grande, je reconnais avoir justement eu plus de liberté à ce niveau dans ma carrière de freelance.
Une manière évidente de permettre cette remise en cause est de renverser le rapport de force qui nous lie à nos donneurs d’ordre en prenant justement son indépendance, en se libérant… financièrement. Car c’est bien là que se situe la contrainte la plus forte : « si tu ne fais pas ce que je te dis de faire, eh bien tu n’auras pas de salaire ». Il y a pourtant une énorme différence entre le fait d’être docile et d’exécuter à la lettre les ordres (bêtement, s’il fallait le préciser pour être bien clair) et le fait de comprendre les enjeux et de déterminer dans une discussion la manière la plus intelligente de remplir les objectifs fixés. Mais beaucoup de donneurs d’ordre ne le souhaitent pas car cette approche ressemblerait selon eux à une perte de contrôle. Et le contrôle est souvent la seule méthode maitrisée par eux. Ils la brandissent pour pouvoir encadrer leurs employés sans prendre le risque d’une discussion constructive qui pourrait, selon leurs craintes, leur faire perdre la face. Bien triste constat mais qui n’a jamais été confronté à ce cas de figure à un moment dans sa propre carrière ?
Se libérer consiste à ne plus être confronté à l’impératif économique avec la même violence que précédemment, à pouvoir dire non à un projet quand on ressent qu’on y est pas à sa place. À refuser des modalités de mise en oeuvre qui ne sont pas éthiques ou qui ne respectent pas l’esprit de la loi, par exemple. Toutes ces choses qui nous échappent bien trop souvent et qui entachent pourtant nos conviction profondes et notre joie de vivre. Si l’on peut dire non, on peut enfin choisir clairement quelles causes on sert, quelles entreprises on aide dans leur développement, quelle forme d’économie on valorise. Ce n’est plus le client qui décide mais nous, en tant qu’apporteur de la force de travail, qui fixons des limites et avons la possibilité de refuser les propositions douteuses et manquant d’éthique.
Et si finalement on refuse un projet rémunérateur, ce n’est pas un problème car nous avons au préalable créé les conditions de notre indépendance financière. Nous pouvons nous permettre de ne pas faire entrer autant d’argent dans les caisses que cela aurait nécessaire sans disposer d’autres sources de revenus.
Mon article a pour objectif de déterminer le pourquoi de notre indépendance financière et d’alerter sur la nécessité de réenchanter nos vies professionnelles. Mais je tenais tout de même à évoquer rapidement le comment il serait possible d’obtenir cette autonomie. Voici donc quelques pistes d’explications.
Pour être libre financièrement, il faut parvenir à créer des ressources financières qui vous permettent de ne plus dépendre d’une activité horaire. Car c’est bien souvent dans les activités où l’on échange du temps contre de l’argent que l’on est le plus contraint car le nombre d’heures est limité et l’on ne peut pas l’augmenter suffisamment pour augmenter proportionnellement sa rémunération jusqu’à un point de réel confort financier. Il est donc plus opportun de se tourner vers les rentes de placements financiers ou de location de logement pour garantir sa liberté. Il est aussi possible de créer des produits de formation ou des applications. C’est le fait de passer un temps minimal à mettre en place ces services puis à les entretenir qui vous permet de libérer du temps pour mener à bien les activités qui comptent réellement pour vous sans avoir à vérifier systématiquement si elles sont suffisamment rémunératrices.
Vous aurez alors décorrélé vos actions de vos revenus, pas à 100 % mais autant qu’il était possible de le faire. Une fois que l’argent rentre tous les mois de manière régulière sans avoir à convertir toutes vos heures de disponibilité en revenus concrets, il sera beaucoup plus facile de vous adonner aux activités qui ont le plus de sens pour vous.
J’entends déjà la remarque classique qui dit que si tout le monde pouvait s’affranchir du travail, plus personne ne travaillerait. mais je m’inscris en faux vis-à-vis de cette idée car je suis convaincu que c’est justement l’inadéquation des missions proposées aux travailleurs qui les éloigne du monde du travail et non la potentialité d’un farniente perpétuel. Personne n’est profondément heureux dans l’inaction, en revanche on est systématiquement malheureux dans l’action contrainte si elle n’a pas de sens pour nous.
Reprenez donc le contrôle de votre vie professionnelle en réduisant la pression économique que vos employeurs ou donneurs d’ordre font peser sur vos épaules !
Mais qui a dit que je plaidais finalement pour le revenu minimum ?
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