Bien que la notion de séparation franche entre les domaines qui pourraient relever de la vie privée et ceux qui pourraient relever de la vie professionnelle ne m’ait jamais vraiment convaincue, je vais tenter de traiter séparément la question de l’expression de la personnalité dans le cadre d’une activité professionnelle. Je crois que nous sommes une seule personne, pleine et entière, qui ne peut pas, ou ne devrait pas être morcelée en plusieurs selon le contexte dans lequel on évolue. Si bien qu’il ne semble y avoir aucune raison de se comporter différemment dans sa vie privée ou dans sa vie professionnelle, quelles que soient les contraintes qui s’imposent à nous.
Déterminer qui l’on est
Cette première étape, aussi évidente qu’elle puisse vous sembler, est souvent l’oeuvre de toute une vie. Car l’on n’apprends jamais à se connaître totalement et chaque porte que l’on ouvre dans sa personnalité mènent toujours à la découverte de plusieurs nouvelles portes. C’est précisément pour cette raison que le chemin est passionnant et que la découverte de soi est sans limites. C’est donc une évidence mais on ne peut pas être soit sans savoir, ne serait-ce qu’un peu, qui l’on est. Une bonne manière de parvenir à déterminer, même de manière floue dans un premier temps et de plus en plus précisément avec le temps, les contours de notre personnalité consiste à se tester, à se confronter à des activités et à des relations variées puis de constater ses réactions, son niveau d’aisance. C’est ensuite en écoutant ses émotions que l’on déterminera sincèrement ce qui est fait pour nous ou pas. Mais attention, cette méthode ne fonctionne si l’on est honnête avec soi-même et que l’on ne laisse pas l’environnement extérieur influencer cette quête intime.
Prenez-donc le temps de vous retrouver avec vous-même et expérimentez un vaste éventail de possibilité. Il se pourrait que vous ne vous rencontriez pas là où vous vous attendez. C’est là que la prise de conscience de qui on est réellement porte tous ses fruits !
Sortir de la dépendance affective
Une autre raison qui peut expliquer votre difficulté à vous sentir libre et à exprimer clairement les aspects de votre personnalité qui comptent vraiment pour vous pourrait bien avoir à faire avec les relations de dépendance affective que vous établissez avec votre entourage. Si l’on considère comme vraie la maxime qui dit que la manière de faire une chose est la manière de faire toutes les choses, il y a de grandes chances que vous ne soyez pas dépendant affectif que dans certaines situations spécifiques mais plutôt dans la totalité de vos interactions avec autrui. Vous pouvez donc considérer l’approche de notre réflexion comme globale.
Mais si vous êtes dépendants, vous l’ignorez peut-être tant cette mauvaise habitude est insidieuse, c’est même ce qui lui permet de survivre à l’abris des regards. C’est pourquoi je vais tenter de vous expliquer en quoi cela consiste.
Être dépendant consiste à organiser ses paroles et ses actions en fonction du regard des autres, en attendant de vos interlocuteurs qu’ils valident votre comportement où vos paroles. Et plus le temps passe, plus vous adaptez votre comportement, sans même vous en rendre compte, pour plaire au plus grand nombre. Vous devenez obsédé par le fait qu’on vous dise le plus régulièrement possible qu’on vous aime, que ce que vous faites est bien.
Sauf que là où se situe le noeud du problème, c’est qu’en essayant de plaire à toutes ces personnes qui ont des avis toujours un peu contradictoires, vous devenez contradictoire avec vous-même. Vous vous retrouvez dans des situations ubuesques où vous devez dire blanc et noir à la fois car il faut plaire à toutes les personnes en présence. Mais comme vous ne pouvez pas être debout et assis à la fois, c’est votre psychée qui souffre car elle, elle demeure rationnelle et n’est pas capable de soutenir ce grand-écart perpétuel. Cela peut se manifester par d’extrêmes tensions psychologiques et/ou physiques ou même par de la dépression. Car justement vous n’êtes plus en accord avec vous-même et c’est votre corps qui se rappelle à vous de manière souvent violente.
Et évidement, quand vous êtes dépendant, vous ne pouvez pas être vous même et donc exprimer votre personnalité…
Renouer avec soi-même
Que votre situation soit extrême ou pas, il est fondamental pour vous de rétablir un contact sein avec vous-même ou de le maintenir si tout va déjà bien. Car c’est de cette relation équilibrée que pourra naître une dialectique relationnelle de qualité, propre à vous libérer de vos vieux démons. Et une fois cet équilibre établi, vous allez pouvoir vous exprimer, dire ce qui compte pour vous, faire vos propres choix sans qu’ils ne se formulent par la négative mais en avançant sereinement vers vos buts propres, vers l’expression de votre personnalité.
Exprimer sa personnalité
On attribue aux artistes et aux créateurs de tous ordre cette faculté d’exprimer avec talent leur soit intime. Mais je suis convaincu que c’est une erreur ou un manquement à l’honnêteté que fait tout un chacun de penser que cette démarche est réservée à cette « catégorie sociale ». Chacun d’entre nous peut apporter un supplément d’âme dans ses propres activités et en profiter pour se raconter un peu ou totalement (on pourra alors choisir ce que l’on dévoile en fonction de son niveau de pudeur).
Dans le contexte de cette réflexion, nous pourrions caractériser un bon professionnel par le fait que son action est parfaitement alignée avec ses convictions, ses valeurs et son histoire personnelle.
N’avez-vous jamais été en admiration devant la cohérence de certaines figures professionnels qui que vous avez rencontré, devant leur force et leur beauté ?
Ces qualités ne leur sont pourtant pas réservées car nous pouvons tous, chacun à notre niveau, établir une relation intime et assumée avec nos actions et nos choix. Nous nous cachons régulièrement derrière la justification selon laquelle nous suivons les consignes, nous servons l’entreprise qui nous rémunère sans être trop regardant sur l’éthique. Mais ne serions-nous pas plus efficace si nous nous servions autant que nous le pouvons de notre personnalité pour soutenir l’énergie que nous mettons dans nos actions ?
Je suis convaincu que les grandes entreprises (au sens de leur étendue d’intervention, de leur chiffre d’affaire et du nombre de leurs salariés) ont tant de mal à recruter précisément pour cette raison : elles étouffent l’initiative personnelle et la capacité de leurs salariés à être vraiment eux-même. J’ai pu constater avec mes propres yeux les consignes qui sont affichées jusque dans les salles de réunion au sujet de la manière d’organiser et de piloter une réunion. Les salariés auraient donc déserté le terrain du bon sens pour se soumettre à des consignes affichées sur des murs, souvent plus évidentes les unes que les autres ? Mais si nous écoutons au fond de nous-même, nous savons comment nous comporter, comment entrer en relation, comment exprimer notre personnalité sans que l’on ait besoin de nous le voir rappeler formellement. Nous sommes trop habitués à ce que l’on pense à notre place, à ce qu’on nous dise comment faire. Et nous finissons donc par oublier de nous exprimer nous-même, d’exprimer notre personnalité, et pas celle qui correspond au rôle qu’on nous donne à jouer. Le contrôle social en place dans les entreprises est très fort pour nous conforter dans ce qui pourrait s’apparenter à une transe hypnotique…
Et pour des indépendants ?
Pour les indépendants, les motivations à s’écouter, à écouter leurs rêves, comme présenté dans mon précédent article, ou à exprimer leur personnalité sont vitales. Car en effet, dans ce cas précis, notre être, la façon dont nous nous animons, dont nous pensons, dont nous nous exprimons est notre marque de fabrique, notre marque tout court, c’est notre valeur ajoutée et ce qui nous différencie d’un autre indépendant proposant les mêmes prestations de service. Nous travaillons en notre nom donc il est fondamental que nos actions nous ressemblent, même quand il est question de mettre nos compétences au service d’un client et d’une entreprise plus grosse que nous.
Quel serait l’intérêt pour un client de faire appel à un indépendant s’il ne proposait pas ses services en exprimant sa personnalité alors que c’est précisément cela qui fait sa valeur ajoutée ?
Une entreprise n’aurait donc pas intérêt à faire appel à un indépendant si elle n’obtenait en retour que des prestations similaires à celles qu’un salarié pouvait lui procurer. Le choix que fait un indépendant d’exercer un métier spécifique plutôt qu’un autre est directement en lien avec sa personnalité, avec sa capacité à dire par ses actions pour quoi il est fait. Et cette liberté le rend plus efficace qu’un salarié dans la majorité des cas car il fait en sorte de proposer ses services dans les domaines où il sait être le plus performant. C’est cette hyper-spécialisation qui fait sa valeur ajoutée.
Et c’est justement en misant sur ma personnalité que j’ai entrepris la rédaction de cette série d’article qui est le reflet de mon besoin d’échanger autour d’une approche modernisée et libérée de notre vision du travail. Et vous, qu’est-ce qui vous anime ?
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